Récit de Noël 2015 partie 1 : un soumis pas comme les autres

Image titre récit Noël

Bonjour à tous. Comme vous avez pu le remarquer je fais des modifications sur le blog en ce moment. J’espère qu’à terme vous apprécierez la navigation 🙂

J’ai longtemps hésité sur l’expérience que j’allais vous faire partager pour Noël, j’avais plusieurs candidates en tête, et le choix final n’a pas vraiment été rationnel. Sur un coup de tête j’ai donc opté pour celle-ci. J’espère qu’elle vous plaira. Au pire si vous n’aimez pas vous n’aurez pas à attendre longtemps autre chose puisque je l’aurais finie avant janvier.

La première partie ayant été trop longue je l’ai coupée en deux pour faciliter la lecture, je publierais la suite peu de temps après, dans la soirée ou demain.

Nous étions quelques jours avant Noël, la dernière séance BDSM planifiée de l’année avec un soumis autre que mon partenaire habituel. Peut-être même dernière tout court vu que nous avions prévu avec mon homme d’aller de passer les fêtes en famille. Je faisais les cents pas dans le couloir en attendant mon soumis, il n’était pas en retard, c’était plutôt moi qui étais en avance pour ne pas dire que j’étais excitée comme une puce. Même si nous restons souvent froides ou méprisantes face aux soumis il n’en reste pas moins que nous les aimons sincèrement et que nous sommes impatientes de les rencontrer à chaque fois. Surtout que ce n’était pas n’importe quel soumis, bien que ce ne soit qu’un concours de circonstances j’étais heureuse de finir l’année avec lui en particulier. Une dominatrice a souvent plusieurs personnes à disposition et nous essayons, en tout cas moi, j’essaye d’avoir un éventail de possibilités couvrant toutes mes envies. Ce soumis représentait une facette particulière amusante de ma vie BDSM.
J’étais également anxieuse, plus que d’habitude. La session dont je veux vous parler n’était pas la première avec ce soumis, loin de là, mais après quelques mois à faire des bêtises ensemble j’avais estimé qu’il était temps pour nous de passer au niveau supérieur en termes d’intensité.
Lorsque je débute une relation avec un nouveau soumis il faut du temps avant de trouver le bon angle d’attaque, il faut parfois plusieurs séances pour réussir à s’amuser vraiment. C’est aussi une question de confiance.
À son attitude la dernière fois et dans nos échanges depuis j’avais l’impression qu’il en avait aussi envie que moi sans oser le demander. À moins que je ne fasse que projeter mes propres envies. Quoi qu’il en était je ne lui avais encore rien dit et j’appréhendais sa réaction.
Fait plutôt rare la séance allait avoir lieu chez moi. Généralement j’essaye de garder une distance avec mes soumis, ou plutôt j’ai besoin de me préserver un espace intime. Ce n’est pas la seule entorse à mes habitudes qui allait avoir lieu ce soir-là, ce soumis bénéficie en effet de plusieurs privilèges, il avait su me faire accepter quelques concessions. Qui a dit qu’il était impossible de négocier avec une domina ? Il suffit d’avoir de bons arguments.
En temps normal nous autres dominatrices avons la main dans les négociations vu que nous apportons ce qui est le plus rare dans la relation. Avec la majorité de mes soumis je suis dans une attitude exigeante, je préfère même utiliser le terme d’esclaves pour les désigner tellement la relation est asymétrique. Je leur propose, impose, l’humiliation systématique sur fond de suprématie féminine. Ils doivent accepter que je suis parfaite et infaillible, toute contestation pouvant se solder par la mise à la porte. C’est du chantage j’en ai conscience mais ils adorent ça. Se sentir insignifiant fait partie de leur fantasme. Ça reste consensuel bien entendu, mais je ne fais pas de compromis pour autant.
À l’opposé ce soumis avait réussi l’impossible, me faire céder sur certains points. Certains soumis sont capables de nous proposer des choses suffisamment spéciales pour les autoriser à s’extirper de cette masse impuissante avec laquelle nous jouons au tyran.
Pour se permettre le luxe d’avoir des conditions il faut pouvoir avancer des contreparties, certains soumis l’oublient trop souvent.
C’est donc dans un état de fébrilité avancé que je me préparais à le recevoir. Il fallait me voir en train de me préparer, je me pomponnais, me regardant sans cesse dans le miroir. Je le justifiais par la nécessité de rechercher la perfection, mais je ne trompais personne, la vraie raison était l’excitation de me voir revêtue de ma tenue de préceptrice victorienne.
Tout comme moi ce soumis était adepte des jeux formels et autres scénarios régressifs. Dès son premier mail il a su capter mon attention avec la description de sa recherche « garnement cherche préceptrice pour adultes ayant oubliés comment se tenir et ayant encore besoin des bonnes vieilles méthodes disciplinaires ». Il suffit parfois de quelques mots pour me faire craquer. Lorsque j’avais poursuivi ma lecture j’avais découvert des exemples de scénario qu’il envisageait et j’en avais été toute retournée. Mon coeur avait battu la chamade de plus en plus fort phrase après phrase et longtemps après.
Comme tout un chacun j’ai des termes qui me mettent en émoi et il les maniait naturellement dans la description de ses envies « châtiments corporels dans un cadre judiciaire », j’en ai encore des frissons. Il parait que les hommes sont plus sensibles aux images, moi c’est les mots, même si je n’ai rien contre les stimulations visuelles.
Il m’avait décrit des scènes de pensions strictes et d’univers guindés à la discipline sévère. J’avais fondu comme une adolescente. Vous ne pouvez pas savoir les idées qui avaient envahi ma tête en nous imaginant jouant ensemble.
Immédiatement son nom de code m’était venu à l’esprit, je n’utilise jamais le prénom de mes soumis pour les désigner, en les nommant j’ai l’impression de me les approprier davantage. Il serait donc « galopin ».
Ce qu’il m’apportait était un univers institutionnalisé. La plupart des soumis ont une vision du BDSM basée sur le sexe, ce qui ne me dérange pas, cependant j’ai toujours dans un coin de ma tête cette autre facette qui ne demande qu’à s’exprimer. Pour une fois je ne serais pas la femme punissant un homme mais une préceptrice s’occupant de la discipline de manière asexualisée, comme s’il s’agissait d’un vrai métier que l’on exerçait, comme si nous vivions dans un monde où il était ordinaire d’être discipliné, que ce soit pour les hommes ou pour les femmes.
Bien évidemment ce n’était qu’une façade, nous n’étions pas dupes ni l’un ni l’autre, pourtant nier nos pulsions était amusant.
La différence avec les scénarios gynarchiques est peut-être subtile mais elle existe. En tout cas dans ma tête.
Pour incarner au mieux la préceptrice que je rêvais d’être j’avais opté, de bas en haut, pour des ballerines noires avec un noeud, des collants blancs, une robe ample et longue de couleur bleue à motifs blancs, une ceinture noire en tissu, un corset pour affiner la taille et valoriser la poitrine et pour finir un chemisier cintré bleu marine. Pour les cheveux j’avais opté pour le chignon classique, pour moi une gouvernante ou une préceptrice est toujours austère. Côté accessoires j’avais un noeud sur un côté du chignon, des boucles d’oreilles pendantes, des gants longs noirs allant jusqu’aux coudes et une badine souple en rotin recouvert de cuir à la poignée ouvragée.
Je ressentais un profond plaisir à me voir revêtue de cette tenue stricte et imperturbable. Elle contrastait fortement avec mon regard pétillant.
Pour tenter de reprendre le dessus sur mes émotions je respirais lentement. J’allais devoir jouer un rôle tout en retenu, une préceptrice doit être une force tranquille, gardant son calme en toute circonstance. Je devais contenir ma frustration, pas la détruire, simplement la faire croitre à l’intérieur de moi jusqu’à avoir la permission de la libérer, à la fin, lorsque je zébrerais les fesses de mon soumis à la cane. Là ça serait jouissif.
J’ai sursauté en l’entendant sonner. Le moment tant attendu était enfin arrivé. J’ai ouvert la porte.
— Madame la préceptrice.
— Mon petit galopin.
La différence majeure de Galopin par rapport à mes autres soumis, ce qui saute aux yeux en premier, c’est la différence d’âge. Généralement je domine des gens de ma génération. Il a dépassé la cinquantaine. Certes il est encore loin du troisième-âge mais c’est tout de même le double de mien !
Comme à son accoutumée il était habillé sans extravagance, jeans/chemise, il a toujours été quelqu’un de simple, pas dans le sens idiot ! Mais dans sa manière de vivre, il ne se prend pas la tête pour un rien. Ce qui est plutôt original, généralement quand je domine des gens plus âgés que moi ce sont des « executives » en costumes-cravates cherchant à inverser les rôles en devenant des moins que rien.
— Vous êtes toujours aussi belle.
— Merci, toujours aussi flatteur.
— Ce ne pas difficile avec vous madame.
Ces compliments peuvent vous sembler artificiels et convenus, pourtant il faut savoir que lorsque je passe du temps à me préparer j’estime normal que le soumis se montre reconnaissant. Au moins qu’il me fasse savoir qu’il l’a remarqué. Sinon ça peut aller très mal pour lui.
Il m’a tendu des fleurs.
— Je vous ai apporté quelque chose pour vous remercier par avance. De belles fleurs pour vous rendre hommage.
Merci. Il se trouve que moi aussi j’ai quelque chose pour toi, un petit cadeau pour Noël.
— J’ai été assez sage cette année ?
— Il faut croire que oui. En tout cas pour mériter un petit quelque chose. Le paquet est sous le sapin. Mais pas tout de suite, ça sera pour plus tard, avant nous allons discuter tout les deux. Nous avons un bilan à faire.
— Bien entendu madame la préceptrice. La discipline avant les récompenses.
— Mets une tenue plus appropriée et rejoint moi.
Je suis allée mettre les fleurs dans un vase sur la table basse du salon pendant qu’il se changeait.
L’obliger à passer une tenue d’écolier est une addition tardive à notre rituel. Auparavant il trouvait ridicule de mettre un short, une chemise et des bretelles pour jouer. Pourtant il en mourrait d’envie, sans oser le demander. J’ai dû le pousser à vivre son fantasme à fond et à faire fi du « regard extérieur ». Surtout que ce n’est pas plus ridicule qu’une tenue que je pourrais mettre en jouant. Si vous ne partagez pas un fantasme il vous semblera de toute façon ridicule.
Certains dominas oublient trop souvent que notre rôle n’est pas que de représenter une menace pour nos soumis mais également de les aider à s’épanouir. Ils doivent se sentir en sécurité pour nous dévoiler leurs envies les plus profondes. C’est un passage obligé pour créer une dépendance de plus en plus forte, il ne faut pas négliger cette source de pouvoir. Surtout qu’ils sont adorables lorsqu’ils sont tout honteux à me présenter leurs vidéos préférées.
Je l’ai attendu au bout du couloir pendant qu’il se changeait. Il ne pouvait s’empêcher de lancer des coups d’oeil intéressés dans ma direction. Je suis restée impassible, les mains dans le dos, la badine sous le bras. Son inquiétude montait, il savait qu’il allait passer à l’inspection et que la moindre erreur se payerait cher. Le moindre faux-pli, la moindre tâche et la badine partait sur les cuisses. Non seulement le formalisme est strict par définition dans ce genre de jeu, mais surtout il s’agissait d’un privilège, tous mes soumis ne peuvent pas rester habillés lors des séances. Souvent lorsque je tolère qu’ils portent quelque chose c’est une tenue de soubrette, rien d’autre.
Autre divergence avec une session classique je ne vérifie pas sa cage de chasteté, avec raison puisqu’il n’en porte pas. Que de privilèges ! Je sais.
Comme souvent je n’ai rien trouvé à redire, il aime faire des bêtises mais s’amuse à se retenir autant que possible. Nos sessions sont en deux parties. Pendant la première j’évalue son attitude pour décider quel sera le « tarif » du jour côté punition. Tant que je trouve des choses à redire la liste augmente. Une fois à court d’idées nous passons à la phase des punitions en elles-mêmes. S’il n’a pas su se tenir cela peut rapidement devenir très inconfortable… Le jeu est donc pour lui de faire des bêtises, mais pas trop, et à moi de le prendre en faute à la moindre occasion. Une sorte du jeu du chat et de la souris.
Je l’ai laissé entrer dans le salon, redécoré pour l’occasion. Outre le grand sapin, décembre oblige, je suis une grande amatrice de « noëleries », ce qui chamboulait l’ordinaire était l’absence d’appareil électrique à l’exception des lampes, des livres venant combler les emplacements vides. Un peu dans le style d’une bibliothèque ou d’un coin lecture.
Le canapé faisait face à une chaise simple en bois. Canapé et non pas fauteuil, qui aurait mieux rendu dans la mise en scène, puisque j’anticipais la fameuse fessée en travers des genoux qui aurait lieu peu de temps après, les accoudoirs m’auraient gênés
Entre les deux, un peu décalée, une table basse sur laquelle était posée un service à thé. De chaque côté du canapé avait pris place un tableau noir et un cadre en bois servant de portique à tout une série d’instruments de discipline propre à intimider toute personne sensée.
Déplacer tout le mobilier m’avait d’ailleurs permis de me rendre compte que, d’une part Paris est une ville dont l’air est très pollué, mais surtout qu’une certaine personne s’abstenait de faire le ménage dans tous les recoins. Une mise au point cinglante avait été nécessaire mais c’est une autre histoire.
Il y a quelques années j’allumais aussi la cheminée, pour rajouter à l’ambiance, mais depuis que c’est interdit à Paris je ne peux plus, merci les écologistes ! (je parle peut-être à tort, je sais qu’il y a eu des revirements en chaine et j’ai perdu le compte. C’est peut-être de nouveau autorisé).
De la badine je lui ai désigné la chaise.
— Installe-toi. Nous allons commencer.
Ma voix était calme et posée, la plupart du temps je n’élève pas la voix contre lui, ce qui n’empêche pas quelques éclats de voix lorsqu’il me provoque, mais c’est assez rare. La ligne de fond est que dans le monde que nous nous sommes forgé la discipline est normale et ne nous étonne même pas. Je n’ai pas à crier pour le faire obéir, je ne demande rien d’extraordinaire.
Sans attendre davantage de consignes Galopin s’est donc mis à genoux sur la chaise en faisant face au dossier, se penchant pour présenter ses fesses.
— Merci de me discipliner madame.
Notre rituel est bien rodé et il sait que je commence toujours par quelques coups de badine par-dessus le short pour le mettre dans le bon état d’esprit. Il ne lutte même pas. Pourquoi le ferait-il ? Tout cela est normal.
J’ai fait quelques moulinés du poignet avant d’appliquer la badine. Avec l’épaisseur du tissu ce n’est pas vraiment douloureux, cela ne fait que chauffer la surface de la peau, mais cela installe bien les personnages.
Pour être vraiment honnête, c’est purement égoïste, utiliser la badine me rend toujours folle. Ce sifflement fait battre à tout rompre mon coeur. C’est vraiment mon élément. Une sorte de petit plaisir initial que je m’offre.
Après une trentaine de coups j’ai soupiré. Je sentais la chaleur qui était montée dans mes joues. Je lui ai dit de s’asseoir, ce qu’il a fait en silence. Lui aussi avait déjà les joues rouges, il regardait mes mains caresser la longueur de la badine. Bientôt sa peau à lui aussi sentirait ce contact, mais dans d’autres conditions.
Il y a un charme particulier à jouer cette partition sans hâter le rythme. Je bouillonnais intérieurement et il était amusant de garder le contrôler en apparence. Quel doux tourment !
Il peut sembler paradoxal que d’un côté je m’épanouisse avec des esclaves qui n’ont pas le moindre mot à dire sur mes actions et que de l’autre je fantasme sur des scénarios tout en retenue. Ce genre de cadre « victorien » reste une exception. Ma psyché n’est pas simple à décrypter.
Lui aussi devait calmer son excitation, il risquait bien plus que moi, il savait que je serais intraitable sur le cérémonial et que le moindre écart se payerait chèrement. Les séances avec lui sont compliquée à bâtir, mettez tout bout à bout tous ses privilèges et vous obtenez de sérieux problèmes techniques. Tous mes trucs habituels pour prendre l’ascendant sont neutralisés. Il n’est pas nu, ni à terre, ni frustré sexuellement et je ne lui crie pas dessus. Je suis la petite jeune, il est grand et vieux. Rien n’est intuitif.
Pour contre-balancer tout cela je n’ai pas cédé sur la sévérité des sanctions, peut-être parce qu’il ne l’a pas demandé. S’il se montre insolent je n’ai qu’à rajouter une ligne dans la somme totale de sa dette en coups. Il s’est engagé à recevoir toute punition que je pourrais justifier par ses actes, y compris si c’est une dérouillée bien au-delà du raisonnable. Cette simple possibilité le fait rester sage. Tout le monde y trouve son compte.
J’ai posé la badine et le gant long de ma main droite sur l’accoudoir du canapé. Je me suis approchée du tableau noir et j’ai pris une craie. J’aime bien cette association de matériaux, ardoise et craie, que ce soit la texture, le bruit sec, ce tchak tchak à chaque lettre. Vous me connaissez je suis très sensibles aux sons. Je ne sais pas s’il y a un terme pour ce fétichisme.
Malheureusement pour moi beaucoup de soumis trouvent cette mise-en-scène ridicule. Peu importe, ce jour-là il n’était question que de moi, de mon petit galopin et de nos envies les plus folles.
Avec des mouvements secs j’ai écrit la date du jour et le sujet de notre entretien en lettres capitales : EVALUATION DU COMPORTEMENT ET CONSEQUENCES.
J’ai posé la craie en arborant un air satisfait, il semblait lui aussi tout émoustillé par le programme. Il avait des gestes nerveux, des tics dans les doigts, probablement l’appréhension de ce qui allait arriver. L’inévitabilité de la sanction et la peur d’aggraver son cas.
J’ai remis le gant long et je me suis assise sur le canapé. J’ai posé la badine sur la table basse, entre le service à thé et le petit cahier à carreau qu’il avait amené. Dans le jeu il s’agit du carnet dans lequel ses professeurs notent ses erreurs. Evidemment il l’écrit lui-même. Parfois des bêtises réelles, souvent des imaginaires, tout ça reste un jeu de rôle. Peu importe, les ratures sont interdites donc la moindre inscription devient la vérité, il devra l’assumer et accepter la sanction qui sera appliquée. Il ne doit donc pas être trop gourmand sinon il se retrouve avec des fesses en très mauvais état en sortant de chez moi.
Malgré la menace il inscrit bien souvent trop de choses. Après avoir lu un texte osé ou regardé une vidéo pour adulte ses envies grimpent. Une fois devant ma porte il regrette certaines choses. C’est pourtant trop tard. Ces notions de fatalité et de regrets sont importantes dans son fantasme. Pour moi aussi.
Contrairement aux autres privilèges lui permettre d’avoir un contrôle indirect sur ses punitions n’est pas une concession bien importante de ma part puisque je garde une marge de manoeuvre conséquente. Seules les erreurs sont notées, pas les corrections correspondantes et les éventuels bonus. Je reste libre pour tout ça même si je lui fais croire que cela à un impact.
En silence je nous ai servi du thé. Je lui ai tendu une tasse.
Avec un signe de la tête il a dit :
— Merci madame.
Dans l’optique de faire monter son angoisse et de le faire regretter ce qu’il avait pu écrire dans son carnet j’ai instauré un cérémonial un peu lent au début. Toute tentative de me faire accélérer le rythme se soldant par une peine additionnelle lors de la deuxième phase. Il doit juste rester planter sur sa chaise en attendant que j’ai fini de le faire mariner.
Ce rituel est efficace. Minute après minute, qui de son point de vue sont des heures, sa fébrilité monte.
J’ai bu une gorgée de thé, le regard de Galopin se baladait. Peu importe où il posait les yeux il y avait de toute façon quelque chose à voir. À ma gauche le tableau noir avec l’inscription à la craie, à ma droite le présentoir où pendait les instruments de discipline que j’allais utiliser. Au milieu, moi. La table basse étant décalée il avait une pleine vue sur mes jambes et il adorait ça. Il n’était pas fétichiste des pieds mais il devenait dingue lorsqu’il voyait les genoux en travers desquels il va bientôt être fessé. Il ne pouvait pas s’empêcher de s’imaginer en position recevant la déculottée tant redoutée. Il devait pourtant feindre l’indifférence et jouer le rôle du jeune homme courtois qui lui était imposé. Un vrai supplice. À chaque instant il prenait le risque de passer à côté de ses punitions préférées pour un geste déplacé. Je sais ce qu’il aime et je n’hésite pas à l’en priver s’il m’en fournit l’opportunité.
J’ai reposé la tasse dans la soucoupe et je lui ai dit comme si de rien n’était :
— Cela fait longtemps que nous ne nous sommes pas vus.
— Oui madame la préceptrice. J’en suis désolé, je n’ai pas eu beaucoup de temps libre ces derniers temps.
Je me suis éclaircie la gorge pour l’avertir qu’il prenait une pente dangereuse.
— Pardon madame, ma langue a fourché. Je voulais dire que je n’ai pas voulu trouver le temps de venir vous voir.
J’ai bu une nouvelle gorgée de thé en laissant peser un silence pour le faire angoisser.
— Vais-je encore être obligée de te rappeler « La Règle » que tu sembles oublier à chaque fois ?
— Non madame. Je me rappelle de chacun des …
Il a hésité sur le terme à employer.
— « mots » que vous m’avez fait apprendre la dernière fois.
Machinalement j’ai tourné la tête vers la cane qui pendait à côté de moi. Je n’avais aucun doute qu’il s’en souvenait. Il a repris :
— Faire des bêtises est mal mais ne pas assumer ses fautes est pire. Ce n’est pas digne du gentilhomme que j’essaie de devenir. Si j’agis comme un délinquant je serais traité comme tel, j’aurais le bâton sans répit parce que c’est tout ce que les imbéciles comprennent.
Tout à fait. J’attends donc de toi la plus grande honnêteté. Le mensonge te fera bien plus de mal que la vérité.
— Entendu madame.
— Et ne crois pas que réduire le nombre de nos rencontres va réduire ta peine. Au contraire ! Tu prendras davantage à chaque fois. Tu ne te rends pas service en agissant de la sorte.
— Je sais madame.
Je le voyais lutter pour rester stoïque, il serrait des poings, les émotions devaient se jaillir en lui. Confesser des fautes réduisait la distance qui le séparait de la fessée en travers de mes genoux. Il devait rester calme encore un peu. Le voir s’impatienter ne faisait que renforcer mon envie de le faire macérer dans son stress.
Peu importe. Qu’as-tu à me raconter mon grand ?
— Pas grand-chose madame. Je me suis plutôt bien comporté. Tout est marqué dans mon cahier.
Je ne doutais pas qu’il voulait que je prenne le carnet et que je le punisse directement en évitant tout ce discours convenu. En même temps il aurait été déçu que je ne sois pas capable de me retenir. Il comptait sur mon intransigeance pour rester sage.
Je sais. Mais je préfère l’entendre de ta bouche. Vais-je aimer sa lecture ?
Il a souri avec nervosité.
— Je ne sais pas madame. J’ai fait de mon mieux.
Vu la fébrilité dans son attitude j’aurais plutôt parié le contraire.
Tu t’es donc bien comporté depuis la dernière fois ?
— Oui. Je pense madame.
— Oh vraiment ? Tu sais que si tu me mens je n’en serais que plus déçue encore. Ce qui se soldera par une punition plus sévère que ce que tu aurais eu en étant honnête dès le départ. Veux-tu vraiment prendre ce chemin ?
— Non madame. Je ne crois pas.
— Commençons donc par ce qui m’intéresse le plus, ce qui n’est pas dans ton carnet. Il y a des choses manquantes n’est-ce pas ?
Il a dégluti en souriant nerveusement.
Vous savez déjà quelque chose ?
— Je sais toujours tout. Tu devrais le savoir.
En fait c’était juste du bluff mais allait-il courir le risque de me dissimuler quelque chose que j’aurais pu savoir ?
Avec un gloussement il a répondu :
Vous n’êtes pas préceptrice pour rien !
— Tu n’as pas idée. Mais ne change pas de sujet.
Je l’ai imaginé faisant le calcul mental de ce qu’il avait déjà confessé dans son carnet et de la marge qu’il pouvait encore avouer. Comme tout soumis il a ses limites, il ne peut encaisser qu’une quantité de coups limitée. C’était un combat entre lui qui essayait de sauver la peau de ses fesses et moi qui devait trouver de quoi justifier la correction la plus sévère possible. Un jeu de dupes.
Il a dit en marmonnant :
— Il y a peut-être des choses qui ont échappé à la vigilance de mes professeurs.
J’ai ricané.
— Comme c’est étonnant ! Certains garçons cherchent toujours les ennuis. Et à ton âge on ne change plus de caractère. Galopin tu es galopin tu resteras.
Il a approuvé d’un oui gêné.
Pourtant mon rôle est de faire de toi un gentleman.
— C’est une mission impossible madame.
— Non ! Pas impossible, juste douloureuse. Et pas pour moi.
J’ai haussé les sourcils pour le narguer.
Je t’écoute.
— Pour être honnête j’ai eu une fatigue passagère. Mais je vais mieux maintenant.
J’ai bu une gorgée de thé en lui faisant signe de continuer de parler.
— Ce qui n’excuse pas tout. Je crois qu’une fessée me ferait du bien pour éviter que je ne rechute.
J’ai bruyamment posé ma tasse dans la soucoupe.
— Ah d’accord ! Tu débarques et tu exiges une fessée ? Où as-tu été élevé ? Te crois-tu encore à Rome ? Où les précepteurs étaient les esclaves de la maison ?
Non madame, ce n’est pas ce que j’ai voulu dire.
— Oh que si ! C’est exactement ce que tu as voulu dire. Et je sais par expérience que lorsqu’un galopin dans ton genre demande la fessée c’est pour détourner mon attention de quelque chose de bien plus grave.
Il a tenté :
— Où c’est parce qu’il a été sage.
J’ai éclaté de rire avant de me figer soudainement.
— Tu étais sérieux ?
Il a rougi sans répondre.
— Et ne t’y trompes pas tu vas t’en recevoir une, et une corsée dont tu me diras des nouvelles. Mais APRES que tu te sois lancé dans tes confessions. La situation peut encore empirer. Tu te souviens de la règle ? « Punitions sans limites ». J’ai le droit de t’administrer autant de coups que je veux tant que je trouve une justification…
— Oui, madame.
Il en tremblait, il avait beau être en plein dans son fantasme cette idée le faisait se sentir si vulnérable face à moi. Même bénéficiant de privilèges il n’en restait pas moins soumis à mes caprices et je me sentais d’humeur à faire du zèle.

La suite par ici …


3 réflexions sur « Récit de Noël 2015 partie 1 : un soumis pas comme les autres »

  1. Troisième lecture, non quatrième, pardon , et toujours autant de plaisir , ce récit est un vrai bonheur , je n’arrive pas à trouver pourquoi, mais il m’émeut encore plus que les autres.
    Merci Emilie

      1. Bonjour Emilie

        C’est vrai, vous avez raison, ça donne l’impression d’y avoir participé un tout petit peu, mais ce n’est pas la seule , je trouve que vous nous faites ressentir , toujours avec autant de talent, la grande complicité avec votre soumis et je pense, pour moi en tout cas que ça apporte un côté émotionnel à l’histoire, un petit plus.

        Merci Emilie

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