Week-end juin 2014 # 53 : la tête de mule

Bonjour !
Je vous ai manqué n’est-ce pas ? 🙂
Cela fait quelques mois que je n’ai plus de temps à moi, ceux qui me connaissent sauront pourquoi. Pour les autres, ne vous inquiétez pas, rien de malheureux.

La partie du jour est assez courte, j’ai dû couper en deux le texte initial qui était bien trop long. J’enverrai l’autre morceau d’ici quelques jours. Ça sera plus confortable de cette façon.

Si vous arrivez ici sans avoir lu les parties précédentes je vous conseille de commencer à partir du chapitre n°48 qui marque le début de l’action en cours.


Précédemment :
Nous avions procédé au tirage au hasard des cartes contenant les supplices que mes soumis auraient à subir le long de la soirée. Il était donc temps d’ouvrir les hostilités.


Mes 3 soumis étaient inquiets, qui ne l’aurait pas été dans leur situation ? À se retrouver nus et à genoux devant une jeune femme aussi sadique d’autoritaire sans savoir ce qu’elle leur réservait il y avait de quoi être tendu. Mes pas résonnaient sur le carrelage alors que je marchais autour d’eux. Ayant opté pour des cuissardes, et non des escarpins, l’effet était moins excitant qu’à l’accoutumé, en tout cas de mon point de vue. Situation étrange puisqu’elles avaient également des talons. Mon côté claustrophobe ne devaient pas aimer avoir les mollets enfermés dans un carcan de cuir.
Quoi qu’il en soit l’effet était suffisant pour que mes soumis fixent mes pieds avec envie. Il en faut tellement peu pour fasciner des hommes, quelques artifices et ils deviennent des marionnettes entre mes mains. Je ne vais pas m’en plaindre, surtout que je ne vaux pas mieux, il faut me voir en train de faire mon shopping, je suis tout aussi extatique qu’eux.
Des 3 soumis le plus anxieux était Chétif, la carte sur le dessus de la pile étant une des siennes il allait donc être le premier à y passer. Je me suis arrêtée devant lui, il a levé les yeux vers moi et s’est ramassé une première gifle. Sous l’effet de la surprise il est resté figé. J’ai imaginé ses pensées voler à travers sa tête et finissant par retomber en fragments, laissant son esprit vide de toute pensée cohérente. Les gifles ne sont pas que de la douleur, elles ont un effet déstabilisant, elles sont une interdiction de penser. Au moindre mot de travers le soumis est conditionné à craindre de s’en prendre une nouvelle ce qui le fait acquiescer à tout ce que je veux sans chercher à discuter. Dans ces conditions rien de mieux, à mon sens, pour démarrer une discussion avec un soumis qu’une bonne tarte en pleine face. Histoire de lui rappeler qu’il n’est pas en position de force face à moi.
Alors que la chaleur montait sur ses joues Chétif a baissé la tête, non sans glisser son regard le long des courbes de mon corps. Pour amplifier l’effet j’utilisais un petit truc classique en BDSM, les matériaux de mes vêtements avaient un potentiel fétichiste croissant alors qu’il baissait les yeux. Du tissu classique en haut en passant par le nylon des collants en finissant par le cuir des pieds. Plus son regard était bas et plus il était récompensé. C’est d’ailleurs pour cette raison que je préfère dominer en jupe et non en sous-vêtement ou en pantalon, sinon les soumis ont le mauvais réflexe de fixer leur regard sur mon bassin, ce qui est encore trop haut pour moi.
En arrivant à mes pieds Chétif a frémi, le contrecoup de la gifle ou une soudaine envie fétichiste. Peut-être les deux. À moins qu’il n’ait imaginé mes pieds envoyant valdinguer ses bourses, ce qui allait probablement arriver ce soir-là. Le conflit attraction/répulsion trouble souvent les soumis.
J’ai croisé les bras en tapant du pied.
— Va-t-il falloir que je répète ?
Il s’est éclairci la voix et a répondu :
— Pardon maitresse, je sais que je dois garder les yeux au sol en votre présence. Excusez-moi.
J’ai soupiré pour manifester mon mécontentement.
— J’ai beau ramener mes exigences plus bas, toujours plus bas, à chaque fois tu arrives à échouer. C’est déprimant. Je ne sais pas comment tu fais pour te supporter.
D’une tape sous le menton, je lui ai fait relever la tête.
— As-tu déjà oublié ?
— Oublié quoi ? Maitresse.
Je me suis esclaffée :
— Pour de vrai ? Tu me diras c’est peut-être la réponse à ma question. C’est en ayant la mémoire d’un poisson rouge, en oubliant toutes tes erreurs dès qu’elles sont commises, que tu supportes ta propre médiocrité.
J’ai eu un sourire en coin.
— À moins qu’en te giflant je t’ai mis les idées de travers. On va réaligner tout cela. Par sécurité. Fais voir l’autre joue.
Ne pouvant rien me refuser il a tourné la tête pour la mettre dans l’alignement de ma main. Sa docilité m’a fait frémir. Avec un élan de motivation je me suis fait un malin plaisir à lui colorer l’autre joue comme elle le méritait.
De mon point de vue cette nouvelle gifle a été décevante. Certes elle avait fait son office mais elle avait été trop rapide, c’est le problème principal des gifles, à peine administrées j’ai envie de recommencer.
Ne pouvant me retenir j’ai sorti ma carte « joker » habituelle, celle dont j’abuse un peu trop souvent.
— Hum, elle était un peu faiblarde celle-là. Mieux vaut la refaire. Ne prenons pas de risques.
Chétif a soufflé en rigolant.
— Je n’ai pas trouvé, maitresse. Votre revers est toujours aussi délicieux.
— Dommage, c’est mon avis qui l’emporte. Mais merci du compliment.
J’ai à nouveau levé ma main, Chétif n’a même pas cherché à l’esquiver. C’était si bon, j’en avais les doigts engourdis et ils en avaient bien besoin. Depuis le début de la soirée ils avaient envie de glisser sous ma jupe pour faire des bêtises mais je le leur avais interdit. Ces picotements, cette chaleur, douleur même, les soulageait. Avoir mal en faisant mal est une expérience intéressante.
Pour justifier cette violence en apparence gratuite je me suis mise à faire la leçon à Chétif.
— En début de soirée tu as spécifiquement demandé. Non ! Exigé ! Parce que monsieur a des exigences…
Il a baissé la tête.
— Que ce soir nous ne communiquions que par gifles interposées.
Il y a eu un déclic dans son regard, un « ah oui ça ! ». Son corps a frémi des orteils à la tête, dans quel pétrin il s’était encore mis. Dans le même temps il était si bien à cette place qu’il n’aurait pas voulu l’échanger avec quelqu’un d’autre. Le regard hautain d’une femme le mettant au défi d’encaisser un jeu impossible le rendait terriblement impuissant et c’était ce qui le faisait vibrer. Les gifles ont quelque chose de castrateur, surtout lorsqu’elles sont administrées par une femme en tenue de soirée à un soumis nu et à genoux. Ce n’est pas qu’un coup, c’est un jugement de valeur, un marqueur de statut, l’humiliation est grande.
De mon côté j’étais également toute émoustillée par la situation. Avez-vous idée de ce que cela fait d’avoir un homme aux joues rouges devant soi ? Un homme ayant baissé les armes pour se plier à vos règles. Ce n’était pas tant la stimulation visuelle que la promesse, tout ce que cela impliquait. Je pouvais faire de lui tout ce que je voulais sans retenue il ne broncherait pas.
Cela me rappelle une soirée récente chez des amis, rien de BDSM ne vous méprenez pas. En arrivant j’avais glissé à mon homme que je lui ferai sa fête en rentrant, que je lui rougirai les fesses jusqu’à l’incandescence avant de les défoncer au strapon… Le genre de chose que vous ne devez pas dire à un homme en cage de chasteté depuis des semaines. Surtout lorsque vous portez une robe de soirée et des escarpins.
Pendant tout le repas il a bavé en me lançant des regards désespérés. Son stock d’hormone était en feu, il ne pouvait plus penser qu’à ça, la soirée a dû sembler si longue. Surtout que je m’amusais à le provoquer du pied sous la table, l’air de rien, tout en lui lançant des regards provocateurs de temps en temps. C’était comme souffler sur des braises, et il ne pouvait rien me reprocher sous peine de se faire priver de ce dont j’avais parlé. J’avais l’impression d’avoir ses bourses en main et de les broyer lentement. J’étais contente de mon effet, du pouvoir que j’avais sur lui.
En rentrant il s’est presque jeté de la voiture en marche pour se précipiter à l’intérieur de la maison. Lorsque j’ai passé la porte je l’ai trouvé dans le couloir de l’entrée, nu, avec son collier, me présentant laisse et cravache. J’adore être accueillie de la sorte, je me sens vraiment chez moi. Cette sensation d’être le centre de l’univers est une vraie drogue.
Entre deux sourires j’ai dit à Chétif :
— Peut-être que tu comprendrais mieux si j’articulais plus distinctement. Si je détachais chaque syllabe.
Une nouvelle série de gifles est partie, bien plus lente et sonore que la précédente.
— Alors ? Toujours pas compris ? Dois-je répéter encore plus fort ? Si tu veux jouer au dur d’oreille ça ne me dérange pas, j’ai toute la soirée.
Il a fait une grimace et un mouvement de la mâchoire, je ne l’avais pas raté. Avec peine il a articulé :
— Voulez-vous que je retourne la première carte ?
Il s’est pris deux nouvelles gifles, notre code pour un « non ». Il a soupiré.
— Voulez-vous que je prenne la carte et que je vous la donne ?
Cette fois il s’est pris trois gifles en réponse, donc un « oui », il a exécuté l’ordre.
Résistant à la tentation de regarder le contenu il m’a tendu la carte que j’ai acceptée avec satisfaction. Mon attitude s’est néanmoins rapidement dégradée.
— Et ?
Il a haussé les épaules. À suivi une rafale de gifles marquées.
— Depuis. Quand. Un. Putain. De. Soumis. A. Le. Droit. D’être. Impoli. Avec. Sa. Maitresse ?
J’en avais mal à la main. Personne n’aurait aimé être à la place de Chétif à ce moment-là. Je ne suis même pas certaine qu’il était encore là, son regard était vide. Mais ce n’était pas ma faute ! Il avait voulu que je sorte le grand jeu côté gifles il n’avait qu’à assumer. On ne va pas me reprocher de suivre les contrats à la lettre tout de même !
— Lorsque l’on a l’immense privilège de me servir la moindre des choses est de me remercier !
Entre deux grimaces il a fini par répondre :
— Pardon et merci maitresse.
J’ai fait quelque pas le temps de me calmer et de le laisser récupérer. J’avais la carte face cachée contre mon ventre.
Après lui avoir laissé quelques instants de répit j’ai dit :
— Nous allons donc commencer par celui qui le mérite le moins.
J’ai tourné la tête vers Chouchou.
— Quoi que, côté médiocrité que vous êtes tous tellement bas qu’il est difficile de faire un classement. Peu importe. Pour « ça » je ne pouvais pas me retenir.
Tous mes soumis m’ont regardé avec l’air de dire « mais qu’est-ce que cette petite sadique va encore nous sortir… ».
— C’est quelque chose que nous n’avons jamais pratiqué. Et qui va te surprendre au début. Mais c’est normal, ton esprit est trop limité pour voir au-delà des évidences et essayer de nouvelles choses. Moi je n’ai pas ces tares. C’est pour ça que je suis digne d’avoir la direction des affaires.
Le principal intéressé a acquiescé.
— Tout à fait, maitresse, chacun son rôle. Et vous jouez le vôtre à la perfection. J’en sais quelque chose, j’en porte la marque au visage.
J’ai soufflé avec arrogance.
— Exact. J’ai non seulement le rôle le plus difficile mais en plus je le fais bien. L’exact opposé de ton attitude…
Je l’ai provoqué du regard, il a détourné les yeux, ce n’était pas le moment de se ramasser une paire de claques pour une phrase un peu trop ironique. Pourtant plusieurs devaient se bousculer dans sa tête.
J’ai repris.
— La vraie question étant : est-ce que ton petit cerveau étriqué de mâle va être capable de me faire confiance et d’accepter que je sais mieux que lui ce dont il a besoin ? Va-t-il jouer le jeu ou au contraire va-t-il tout faire pour détester ce que je vais lui proposer ? Rien que pour la satisfaction de me contrarier.
Je me suis penchée vers lui.
— Et en payer les conséquences le cas échéant.
Chétif a répondu :
— Tout ce que je sais, maitresse, c’est qu’un esclave a tout intérêt à ce que sa maitresse soit heureuse. Sinon il recevra le fouet.
Je me suis esclaffée :
— Comme si sentir le fouet claquer sur ta peau était ton pire cauchemar ! Tu crois me rassurer en disant ça ?
Il a haussé les épaules en baissant la tête pour cacher un sourire. Même après une sévère série de gifles son côté mauvais garçon était encore d’aplomb. La capacité des soumis à encaisser et à se remettre en selle m’étonnera toujours.
Pour mettre fin au suspens j’ai retourné la première carte, un cheval y était dessiné ce qui les a laissé perplexes. Il faut savoir que la plupart des cartes n’ont pas de texte mais un dessin, pour me laisser une marge d’interprétation plus large. Une petite astuce dont je suis plutôt fière.
— Un peu de ponyplay ne fera pas de mal pour dérouiller un vieux canasson comme toi. Pour 2 points.
Il semblait surpris, peut-être déçu. Dominer est dramatique, soit vous faites encore et toujours les mêmes choses, au risque de vous lasser, soit vous prenez le risque d’essayer de nouvelles choses et ça peut ne pas payer. Être dominante c’est être souvent angoissée ce qui a un effet négatif sur notre libido et peut nous rendre mécontentes pour un rien. Ça explique bien des choses, notamment pourquoi nous sommes si difficile à satisfaire. Un défi qui ne fait pas peur aux soumis.
Ceci-dit cette réaction négative faisait partie de mon plan, je voulais présenter le jeu sous son plus mauvais angle pour qu’ensuite Chétif regrette son manque de confiance et culpabilise. Un soumis doit apprendre à ne pas douter de sa dominante. Il ne doit jamais oublier que sa satisfaction est notre priorité même si nous n’en donnons pas l’impression. L’abandon total du pouvoir, au point de ne même plus juger intérieurement ce qui est demandé, amène le soumis dans un état de docilité particulier. Ce n’est pas facile mais la récompense est incomparable.
Je lui ai crié dessus :
— Ne me regarde pas comme ça ! C’est toi qui a choisi cette carte pas moi !
Un autre avantage de l’usage du hasard pour sélectionner les réjouissances, je m’en lave les mains.
— De toute façon je suis certaine que tu vas apprécier, même si c’est différent. Je te connais. Surtout que c’est l’occasion rêvée de tester un nouveau joujou que je viens d’acquérir. Comme je disais plus tôt, j’ai trop hâte…
Je suis allée farfouiller dans le sac à matériel.
— On m’en a dit que du bien. Enfin… Les dominas, pas les soumis.
J’ai gloussé. Chétif était tendu.
J’ai sorti le jouet en question du sac, en l’état il ressemblait à une sorte d’entrelacement alliant cuir et métal.
— C’est un bâillon, un mors pour être plus précis. Mais pas un modèle standard, celui-là a été spécialement conçu pour les adeptes du ponyplay également masochistes.
Je suis revenue vers lui.
— Il va te garder la bouche ouverte dans un angle qui deviendra rapidement douloureux. Cela va te demander un effort permanent des muscles. Tu deviendras dingue. Il parait que tous les soumis pleurent la première fois.
J’ai haussé les sourcils pour le provoquer.
— J’ai hâte de voir ça.
Il a eu un sourire nerveux et a dit avec une certaine prétention :
— J’espère ne pas vous décevoir alors, je ne suis pas facile à faire pleurer.
— Ah bon ?
J’ai approché une main de son visage et, de l’index, j’ai ramassé une larme qui lui avait coulé au coin de l’œil. Les gifles ont souvent comme effet secondaire de déclencher quelques larmes réflexes. Je l’ai agité devant son nez.
— Visiblement je sais utiliser les bonnes méthodes…
Chétif déteste que l’on pointe ses faiblesses, surtout si c’est pour le ridiculiser, pourtant je n’avais pas pu m’en empêcher, il est trop amusant de piétiner l’égo masculin.
Je me suis penchée pour mettre en place le harnais autour de sa tête.
— Parfait. On dirait que ça a été fait pour toi. Je crois qu’on pourrait serrer un peu plus mais pour une première fois ça ne serait pas raisonnable.
J’ai ricané.
— Depuis quand suis-je quelqu’un de raisonnable ? Je ne vais pas commencer aujourd’hui…
Après une dernière provocation du regard j’ai serré un bon coup.
En réalité j’étais encore en position normale, c’était juste de la mise en scène, la psychologie influe beaucoup sur le ressenti.
Une fois les deux cadenas en place de chaque côté pour verrouiller l’ensemble j’ai passé mes doigts sur les sangles en cuir.
— L’imagination humaine lorsqu’il s’agit de faire mal à ses semblables est fascinante. Tu ne trouves pas ?
Il a émis quelques gémissements. Je lui ai pris le visage entre les mains.
— Pour l’instant je sais que tu ne ressens que de l’inconfort. Ne t’inquiète pas, le plat de résistance arrive. Et tu n’auras pas d’autre choix que de le déguster. Je t’imagine déjà roulant par terre en gémissant. Tu me supplieras du regard de te libérer, et je resterai là à te regarder en rigolant. Au départ je comptais être gentille mais vu que tu meurs d’envie de pleurer comme une fillette ça sera la condition de ta libération. Ça prendra le temps qu’il faut mais on arrivera à cette réaction.
Un descriptif qui était loin de lui faire peur, au contraire il avait ravivé son intérêt. Je crois qu’il était en train de prier pour que j’ai raison. Le passage où il avait été déçu par l’annonce de ce jeu était désormais bien loin.
Je me suis relevée. J’ai pris du recul pour admirer le résultat. J’ai rigolé.
— Tu as fière allure harnaché de la sorte. Cela met en valeur ton ridicule naturel.
Son regard était un mélange d’inquiétude et d’amusement. Il espérait que je ne lui avais pas sur-vendu l’expérience et en même temps il aurait été rassuré que ce soit le cas. Pas facile pour les soumis de faire le tri dans leurs émotions.
— Je te laisse t’habituer à ton jouet, je reviens d’ici quelques minutes et nous passerons à ton dressage. Parce que bon, tu me connais, je dois avoir un rôle actif dans ta souffrance. Je ne peux pas juste rester à regarder, il faut que je jette du sel sur les plaies. Ce qui est loin d’être une bonne nouvelle pour toi ! Même si je vois dans ton regard ton envie d’être insolent. Tu tâteras de la cravache pour ça. J’aime mes animaux domestiques bien dressés. Pas vrai le Chiot ?
Il a aboyé timidement en réponse. Il ne semblait pas vraiment pressé que j’en finisse avec Chétif, et pour cause, il avait vu que la nouvelle carte sur le dessus du paquet portait son symbole. Il savait qu’il était le prochain sur la liste. Voir le danger arriver et ne rien pouvoir faire rend les soumis si impuissants. C’était si excitant.
J’ai accroché des rênes en cuir au harnais de Chétif et je les ai noués au pied de la table. Une précaution inutile même si elle restait dans la symbolique du ponyplay. J’ai ensuite laissé Chétif en plan pour aller m’occuper des deux autres soumis.


La suite par ici…


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Week-end juin 2014 # 52 : alea jacta est

Hello 🙂
Encore un texte arrivant tardivement d’autres considérations ayant eu ma priorité, c’est la vie.
Il m’a été demandé s’il y avait des moyens d’être informé des publications du blog sans avoir à venir tous les jours. Effectivement, ça pourrait être utile.
Comme tout blog sous WordPress il existe différents flux RSS accessibles notamment http://mllemilie.com/feed pour les publications.
Si vous utilisez Firefox il embarque de base un système de notification sous le nom de « marque-page dynamique » permettant de le prendre en compte.capture d'écranNéanmoins je sais que de moins en moins de logiciels sont capables de les intégrer donc je vais rajouter une liste de diffusion par email : http://mllemilie.com/newsletter/
Comme je ne suis pas encore certaine de maitriser l’outil je ne garantis rien dans l’immédiat mais, à terme, mon intention est que ça marche 🙂 C’est un bon moyen de fidélisation.


Si vous arrivez ici sans avoir lu les parties précédentes je vous conseille de commencer à partir du chapitre n°48 qui marque le début de l’action en cours.

Précédemment : après une dure journée d’efforts à mon service j’avais annoncé à mes 3 soumis qu’ils avaient bien mérité une récompense. Dans un moment de grande générosité j’allais leur accorder le droit de me… divertir pendant toute la soirée. Autrement dit la même chose mais en le présentant comme une récompense. L’ironie de la chose ne leur avait pas échappée même s’ils n’étaient pas contrariés pour autant, après tout ils étaient des soumis participant volontairement à un week-end BDSM et j’incarnais au mieux la peste que je m’étais engagée à être.
J’avais ouvert les hostilités par divers supplices dont une petite danse bien humiliante qui s’était terminée, de manière prévisible, par une série à la cravache pour « défaut de motivation suffisante ». Un prétexte facile mais toujours efficace.
J’avais ensuite disposé près du canapé 3 tas de cartes, nous allions tirer au sort les réjouissances de la soirée, en tout cas une partie. Mes 3 soumis étaient intrigués par ce changement de méthode, surtout que je leur avais précisé qu’il y avait une carte jouissance dans chaque tas.


Me voir utiliser de l’aléatoire pour dominer doit vous avoir étonné, il n’y a pas si longtemps je prêchais qu’abandonner le pouvoir de cette façon était une véritable hérésie, pourtant j’ai changé d’avis. Un tel revirement n’est pas une première, rappelez-vous à mes débuts j’étais hostile aux cages de chasteté. En BDSM comme ailleurs les goûts et les envies varient avec le temps, d’ailleurs maintenant je suis bien moins axée chasteté. Cela reviendra peut-être un jour. Qu’importe. Pour m’épanouir j’ai besoin de passer mon temps à me réinventer, à être insaisissable. D’ailleurs cette envie de toujours aller de l’avant doit être la caractéristique qui fait de moi une dominante, peut-être même une artiste (quelle prétention !).
Je repense à mes cours de philosophie de terminale « l’art est l’application de la maitrise technique dans une perpétuelle recherche de l’inédit ». À vouloir me perfectionner et expérimenter je dois quelque part correspondre à cette définition. Non pas que je considère toute séance BDSM comme une oeuvre d’art, même avec de la bonne volonté le meilleur côtoie toujours le pire. D’ailleurs pour l’anecdote je regardais une conférence l’autre jour sur les liens entre échecs et créativité, l’intervenant rappelait que mêmes les plus grands artistes ont eu davantage d’échecs que de succès. Mozart a écrit 626 oeuvres au cours de sa vie et seulement une quinzaine sont notables (dont 5 sont considérées comme majeures, excusez du peu !). Ceux qui ont eu le plus grand nombre de réussites sont également ceux qui ont pris les plus grands risques.
En ce moment ma lubie est d’utiliser de l’aléatoire, de mettre en scène de véritables jeux de société en matérialisant les supplices par des cartes à tirer et des pions à avancer. Lors du récit de ce week-end vous avez les prémisses de ce tournant.
Dans mes pratiques les plus récentes le soumis doit parcourir les « cercles de l’enfer » pour trouver son salut pendant que j’incarne, littéralement, le diable.
Un jeu de plateau est dramatique, vous pouvez voir la succession des événements, le pion avance vers son destin et le soumis s’imagine à sa place. Loin de le distancier du jeu cette mise en scène renforce l’implication émotionnelle, cela peut sembler paradoxal, pourtant c’est comme dans une salle de cinéma lorsque vous allez voir un film d’horreur, vous vous laissez prendre au jeu parce que vous savez au fond de vous que vous êtes bien en sécurité dans votre fauteuil.
Lorsque le soumis tire un dé ou une carte il a conscience de sceller le destin de son personnage et, contrairement à un jeu de rôle plus classique, l’échec est une vraie possibilité, le pion pourrait subir une damnation éternelle. Les soumis ont d’ailleurs une vilaine tendance à être des joueurs compulsifs et ils n’hésitent pas à prendre des risques inconsidérées dès qu’ils sont un peu poussés. Exploiter cette faiblesse est jouissif, j’adore jouer à la tentatrice, la mauvaise conscience tentant de les corrompre. Cela crée une complicité particulière avec le soumis, je suis tour à tour l’adversaire et la complice.
Au cours du jeu le soumis va se poser des questions comme : vais-je prendre le chemin de gauche et traverser la case des flagellations ou plutôt prendre celle de droite, celle de la torture intense du sexe ? Parce qu’il y a des choix, le soumis doit avoir l’impression d’avoir un reliquat de contrôle, la chute n’en est que plus drôle. Et pour le motiver à prendre des risques certains chemins ont davantage de récompenses… Je vous le disais, je prends un malin plaisir à être diabolique.
L’aléatoire est également cruel. En tant que dominante je peux sentir l’anxiété du soumis croitre alors qu’il fait progresser son alter-ego vers l’intersection suivante, il se sent responsable pour lui, coupable de lui avoir fait prendre un mauvais chemin. Même si en définitive je garde une large marge de manoeuvre vous vous en doutez. Par exemple à aucun moment je n’intègre de quota fixe de coups, c’est juste une carte « martinet » ou « discipline scolaire », mon pouvoir d’interprétation est large. Selon le moment de la session une même carte peut valoir plus ou moins de coups selon ce que je juge correct. La décision humaine reste centrale, ce n’est pas demain que nous serons remplacés par des algorithmes ! D’ailleurs je ne sais pas s’il existe des projets d’intelligence artificielle liée au BDSM. Je chercherai. Je trouve le fantasme d’un centre pénitencier sous le contrôle d’une machine froide et dictatoriale plutôt intéressant. Contrairement à un être humain une machine n’a pas de compassion, elle exécute ses ordres de manière stricte, un seul objectif faire passer un mauvais moment. Dans la pratique ce serait effroyable mais en termes de fantasme l’idée est stimulante. Il faut que je note l’idée dans un coin de ma tête.
Mais trêve de discussions théoriques et retournons à nos soumis sinon je ne finirais jamais ce récit.


Après avoir jeté un coup d’oeil à ses camarades Chouchou s’est porté volontaire pour être le premier à tenter sa chance. Je n’ai pas été étonnée. Il a levé la main et a demandé :
— Que dois-je faire, maitresse ?
Je lui ai fait signe d’approcher et lui ai dit :
— Tu vas tirer 3 cartes. Elles définiront ton programme pour la soirée. En tout cas en partie.
Il a eu un sourire nerveux et a répondu :
C’est un peu comme prédire l’avenir en tirant les tarots. Sauf que là ça se réalisera à coup sûr.
— Exactement !
— Ce qui ne fait que renforcer votre nature divine maitresse, si vos prédictions se révèlent être justes c’est que vous êtes forcément une entité supérieure à nous autres simples mortels.
J’ai haussé les sourcils en rigolant.
— Il y a de ça. Je suis également très douée pour lire l’avenir dans les lignes sur les fesses. Surtout si elles sont très profondes…
J’ai tourné la tête vers Chétif :
— S’il y a des amateurs…
Nous avons échangé un sourire complice. J’ai repris sur un ton plus sérieux :
— Je me suis surtout rendue compte que vous anticipiez trop mes actions. Je dois être devenue trop prévisible. Donc j’introduis un peu d’aléatoire pour vous prendre de court.
Mes 3 soumis ont soupiré, ils ont dû penser « comme si elle n’était pas assez dangereuse comme ça… » ce qui était très satisfaisant de mon point de vue.
Chouchou a avancé la main, elle tremblait, il a longuement hésité avant de sortir la première carte du paquet. J’ai rajouté :
— Laisse-la retournée. Ne regarde pas son contenu.
Il a semblé être contrarié, la curiosité devait le ronger mais les ordres étaient formels. Il a répondu :
— Comme il vous plaira, maitresse.
En laissant planer le mystère sur le contenu des cartes jusqu’au dernier moment je m’attribuais un privilège qu’ils allaient apprendre à envier.
Comme je le disais en introduction rajouter de l’aléatoire pourrait me priver dans l’absolu de ma dose de pouvoir, qui est pourtant la raison première qui me fait pratiquer le BDSM, j’ai donc dû réfléchir à des palliatifs, vous me connaissez j’intellectualise tout, et j’ai estimé qu’être la seule à connaitre le destin me fait conserver suffisamment de pouvoir pour me satisfaire. Certes vous pourriez objecter que c’est toujours le cas, je suis toujours la seule qui connait à l’avance le scénario, mais en le matérialisant avec des cartes les soumis en prennent davantage conscience. À la cravache, qui symbolise mon autorité, j’ai donc rajouté une pile de carte représentant le destin.
Une fois que Chouchou a eu fini de tirer ses 3 cartes j’ai ramassé le reste du paquet pour le ranger. Il m’a regardé faire avec inquiétude, la « carte du plaisir » était-elle encore dedans ? Était-elle en train de s’éloigner ? Avec un air un peu déprimé il a fixé les 3 cartes devant lui. Le sort, quel qu’il soit, était scellé.
Je lui ai demandé :
— Inquiet ?
Il a haussé les épaules.
Un peu. J’espère ne pas avoir fait un mauvais choix.
— Ne t’en fait pas pour ça, il n’y en a pas, tous sont amusants. De mon point de vue en tout cas. Crois-tu que j’aurais mis dans le paquet des choses que je n’aime pas ?
Il a gloussé nerveusement.
Non, maitresse. Je ne doute pas une seule seconde que vous ayez tout prévu pour votre satisfaction. Et il n’y a pas d’objectif plus important. D’ailleurs si une de mes cartes ne vous plait plus assez vous pouvez changer à votre guise.
— Évidemment ! Et je n’ai pas besoin de ta permission. Les contraintes sont bonnes pour les êtres inférieurs incapables de décider par eux-mêmes. Nous autres dominantes sommes toujours libres de nos actes. Et je n’aurai jamais à me justifier. De toute façon ça ne servirait à rien, tu ne comprendras jamais rien à l’art subtil de la domination. Tu es tout juste bon à obéir. Et encore …
Chouchou a acquiescé de la tête.
— Bien entendu, maitresse. À la grande loterie de la vie nous autres soumis n’avons pas été gâtés mais vous avez hérité d’un fardeau bien plus lourd, celui de devoir commander les pitoyables boulets que nous sommes. Il doit être si difficile pour vous de supporter notre incessante médiocrité.
J’ai soupiré avec une arrogance qui cachait mal ma mine satisfaite.
— Je ne te le fais pas dire…
Lorsqu’un soumis se dévalorise j’y vois une incitation à en remettre une couche, et j’adore ça, une vraie drogue. Toute la journée je me retiens de dire ce que je pense de négatif par politesse, il ne peut y avoir de vie sociale sans retenue, me lâcher le soir en balançant méchancetés et mots grossiers a une fonction cathartique dont j’abuse volontiers. Surtout qu’à l’origine je suis du sud et ne pas utiliser « putain » comme élément de ponctuation me demande un effort.
Je me suis penchée vers lui avec les yeux pétillants.
— Et pour rétablir l’ordre des choses je vais te rendre au centuple le déplaisir que ta présence m’inflige. Sous mes semelles ta vie sera encore plus misérable qu’elle ne l’est déjà, fait moi confiance.
Il sentait venir l’humiliation et il en avait déjà des frissons. Il a retenu son souffle, murmurant du bout des lèvres :
— Merci maitresse.
J’ai gloussé.
— Je sais qu’au fond de toi tu te dis que tout ça est ridicule, que tu ferais mieux de prendre les jambes à ton cou. Pourtant tu ne fais rien. Tu es trop faible. Tu sais que tu ne devrais pas et pourtant tu restes. C’est plus fort que toi.
Il a acquiescé de la tête.
— Regarde-toi. Nu, à genoux devant moi. Tu ne cherches même pas à garder les apparences. C’est comme si tu voulais porter un panneau clignotant pour prévenir de ta médiocrité. Tu en es si fier ?
— C’est que je ne voudrais pas prétendre être autre chose que ce que je suis.
J’ai ricané.
— Ri-di-cu-le ! Je me moque ouvertement de toi, devant des témoins, sans aucune subtilité, et tu ne cherches même pas à résister. Pourquoi ?
— Parce que je suis trop faible ? Parce que c’est la vérité et qu’on ne lutte pas contre la vérité.
J’ai soufflé.
— Même ça tu n’es pas capable de le comprendre. Regarde ta pitoyable petite queue. Elle fait quoi ?
D’une tape je lui ai relevé le menton puis je lui ai collé une paire de gifle en lui criant :
— Elle fait quoi ta sale petite queue ?
D’une petite voix il a répondu :
— Elle bande.
Une nouvelle paire de gifle est partie.
— Non ! N’utilise pas ce mot ! Jamais ! Les hommes, les vrais, bandent, toi tu enfles comme un asticot trop boudiné. Tu me dégoutes.
De nouvelles gifles sont tombées. J’étais essoufflée, non pas à cause de l’effort physique mais sous l’émotion. Que j’aime être une peste !
Du bout du pied j’ai plaqué sa queue contre son ventre et j’ai fait de petits cercles pour la stimuler.
— C’est ça que tu veux ?
Il a hoché la tête la bouche grande ouverte. D’une voix douce j’ai dit :
— Oh oui tu les aimes mes pieds.
Lentement mon pied a glissé le long de sa verge pour descendre vers ses bourses. De la pointe de mes chaussures je les ai dégagées pour les sécuriser sous mes semelles. La pression était légère, pour l’instant.
— Sais-tu pourquoi ?
Inquiet il a répondu :
— Non, maitresse.
J’ai ramené sa tête contre mon bassin en commençant à augmenter la pression sur ses bourses.
— Tu aimes tellement être ridicule que tu as besoin de côtoyer la perfection pour que le contraste soit le plus humiliant possible.
Il a fermé les yeux en soupirant et frottant sa joue contre ma jupe. Il répétait « Oui maitresse » à tout ce que je disais. La pression sur ses bourses s’est amplifiée.
— Ton existence n’est pas assez pathétique par elle-même, tu dois venir sous mes semelles pour prendre conscience de l’ampleur de ton imperfection. Par contraste.
Chouchou était comme en transe. D’une main je maintenais fermement sa tête contre mon bassin, je voulais qu’il s’enivre de mon parfum et qu’il l’associe à la sensation de castration.
— D’un autre côté c’est la seule forme de contact avec ma perfection que ta queue mérite. À défaut d’être capable de me faire jouir elle peut au moins me divertir.
Son corps s’est crispé, la pression sur ses bourses était forte sur son échelle. Sans prévenir j’ai retiré mon pied et, avant qu’il ne sorte lui-même de sa transe, je lui ai collé une nouvelle série de gifles tout en l’insultant.
— Les sales queues comme la tienne ne méritent pas de connaitre le plaisir !
Je me suis éloignée en le laissant hagard, plutôt contente de moi et de mon petit effet.
J’ai dit à l’attention des 2 autres soumis :
— C’est trop facile, j’ai presque honte. Presque…
J’étais d’autant plus satisfaite que je savais la partie la plus effroyable du supplice arriver, celle où il allait devoir déployer toute sa volonté pour se retenir de saisir sa verge et de se masturber avec violence, pratique prohibée sous mon joug je vous le rappelle. Avec un sourire satisfait j’ai regardé Chouchou prendre conscience qu’il allait devoir attendre que sa queue redescende toute seule dans une lente et interminable agonie.
Les deux autres soumis n’étaient pas en reste, même s’ils n’avaient pas été la cible principale de mes moqueries elles avaient rebondies sur eux et ils connaissaient une frustration intense, cela se voyait dans leur attitude je ne pouvais pas le manquer, bouche sèche, mains moites, queue tendue, les signes classiques des soumis souffrant en silence.
Lorsque je me suis mise devant eux ils ont baissé la tête de honte, ils savaient que je pourrais facilement leur reprocher leur érection comme je venais de le faire avec Chouchou, une perspective qu’ils redoutaient autant qu’ils la désiraient.
J’ai repris sur un ton plus neutre, comme si rien ne s’était passé, j’aime l’idée d’être imprévisible, qu’ils craignent les moments où j’ai un grain de folie.
— Comme je le disais les cartes ne font que donner des directions, je garde le droit de retrancher, rajouter, modifier l’ordre, punir, récompenser… Et tout ça à ma guise et sans avoir à me justifier. Et heureusement !
Je me suis accroupie pour me mettre à la hauteur de la tête du Chiot.
— Tu imagines un peu la catastrophe si la première carte que tu tirais contenait le droit à la vilaine chose ? Brrr. Du plaisir pour un homme. Ça fait froid dans le dos.
Il avait les joues rouges et tentait d’éviter mon regard. Son émoi était palpable, il mourrait d’envie de jouir et imaginer que ce soit possible le rendait plus fébrile encore. S’il voulait vraiment s’amuser il allait devoir suivre mes directives à la lettre mais pour l’instant j’avais surtout envie de jouer avec son trouble.
— C’est quand même dingue, ce que Chouchou pense, il doit être sacrément malade pour fantasmer sur des choses aussi sales. Tu imagines ? Un homme qui jouit, c’est contre-nature.
J’ai glissé une main contre le ventre du Chiot jusqu’à prendre sa verge entre pouce et index et à les remonter lentement en glissant. Il a bloqué sa respiration.
— Nous savons tous que la sensibilité de ce sale organe est destinée à faciliter l’administration de punitions très douloureuses. Ce n’est pas une leçon que j’ai besoin de répéter n’est-ce pas ?
Le Chiot a hoché la tête rapidement en gémissant, il se mordait les lèvres et je crois qu’il y avait une larme au coin de ses yeux. J’ai relâché sa verge et je lui ai murmuré « ce n’est que le début » avant de lui mordiller le lobe de l’oreille. Il semblait perdu, c’était adorable.
Je me suis redressée et j’ai claqué des doigts.
— Quoi que ! Il pourrait être marrant d’infliger une soirée de douleurs à une queue qui vient juste de cracher son venin.
J’ai passé une main dans le cou de Chétif en finissant par lui relever le menton.
— Une fois que la testostérone n’est plus là pour adoucir la peine et la rendre supportable. Il parait que c’est terrible. Hum… J’ai des envies qui me viennent ! J’espère que l’un d’entre vous va piocher ça !
Ce genre d’attitude est très diabolique, au sens premier du terme, le diable est réputé pour faire miroiter des choses et ensuite les pervertir pour la plus grande souffrance de la victime.
J’ai tourné la tête vers Chouchou.
— Mais c’est peut-être déjà le cas …
Mon corps était en feu, un bon signe en début de soirée. Pour moi en tout cas. Chouchou a hésité entre grimace et sourire.
— Avec tout mon respect maitresse je ne suis pas certain que j’aimerais.
J’ai joué la surprise.
— Ah oui ? Tu n’aimerais pas que mes talons piétinent ton sexe alors qu’il redevient flasque. Au moment où il est très sensible à l’inconfort. Tu imagines la sensation ?
À la façon dont il se mordillait les lèvres je suis certaine qu’il visualisait la scène.
— De toute façon si jamais tu as tiré cette carte tu la subiras, et avec le sourire ! Il n’y aura pas d’échappatoire.
Il allait me répondre mais je l’en ai empêché en tapant des mains et en disant avec énergie :
— Mais finissons-en d’abord avec le tirage. J’ai vraiment trop envie de passer à la suite ! Au suivant !
Les deux soumis restants se sont regardés, le Chiot s’est timidement avancé. J’ai pointé de l’index le paquet de carte qui lui était destiné il a tendu une patte pour tirer une carte et s’est ramassé une gifle.
— Non mais !
Deuxième gifle.
— Pour qui te prends-tu ?
Il m’a regardé, interloqué.
— Arrête de te comporter en humain, tu es un animal, point final. Utilise ton museau !
L’air contrit il a baissé la tête et l’a approchée du paquet, je l’ai arrêté.
— Pas si vite ! Tu connais ma politique envers les bêtises. Punition systématique.
Je me suis dirigée vers la table à matériel. J’ai passé en revue différents instruments, j’imaginais son regard inquiet dans mon dos. J’avais déjà pris ma décision et pourtant je m’amusais à le faire languir. J’ai fini par prendre une ceinture en cuir que j’ai plié en deux. La sensation du cuir épais entre mes doigts m’a fait frémir des orteils aux joues. Tellement de promesses.
— Fais voir la vilaine patte qui s’est mal comportée. Je vais la purifier à ma façon et lui apprendre ce qu’il en coûte de ne pas vouloir jouer le jeu.
La petite humiliation improvisée de Chouchou avait déclenché en moi des envies qui étaient en train de dériver en sadisme pur, et le Chiot allait en faire les frais. Tout en tremblant il a offert sa main au châtiment. À le voir si docile mon excitation est encore montée d’un cran, je n’y pouvais rien, ce genre de situation m’a toujours rendu dingue.
— Et ne me regarde pas comme ça ! J’ai essayé la méthode gentille et elle n’a pas fonctionné. Tu n’as pas voulu écouter la première fois donc tu assumes. La prochaine fois tu comprendras peut-être qu’obéir est préférable.
Le Chiot se prenait la culpabilité en pleine face, l’angoisse montait, il semblait vouloir en finir au plus vite pour se débarrasser de ce poids. Malheureusement espérer que je passe l’éponge rapidement était mal me connaître, mes soumis ne s’en tirent jamais à si bon compte, je retourne longuement le couteau dans la plaie avant de venir les délivrer par une application efficace de la douleur.
Que je peux être mauvaise parfois, c’est si bon.
— Tu me trouves peut-être dure mais c’est pour ton bien. Tu ne feras jamais de progrès sinon. Tu as le potentiel de faire un petit chien tout à fait convenable mais il faut que tu perdes cette tendance idiote à croire que tu es un être humain. Et s’il faut que tu aies mal pour ça tu auras mal.
J’ai tapé la ceinture dans ma main.
— Et pas qu’un peu. Surtout que je suis certaine que cette patte a eu récemment des envies impures. Pas vrai ?
Il a baissé la tête.
— Tu vois de quoi je veux parler ? Tu as eu envie de me voler. Tu as honteusement pensé à prendre du plaisir en te touchant. Cela doit être puni. Un petit chiot comme toi ne peut pas défier la toute puissance de la suprématie féminine et s’en tirer à bon compte. Ou irait le monde sinon ?
Il mourrait d’envie d’acquiescer, de me confirmer que j’avais raison pour en finir au plus vite, mais il savait également qu’il n’avait pas le droit de s’exprimer autrement que par aboiement. Son impuissance était risible.
Abandonner le droit de parler est un sacrifice bien plus difficile que la plupart des soumis anticipent, mon homme l’a appris à ses dépens récemment lorsque je me suis mise en tête de lui imposer le port du bâillon sur de longues périodes. Des week-ends entiers sans dire un mot, impossible de discuter mes ordres, il ne peut que les suivre, ça simplifie les relations.
Je me suis positionnée de côté par rapport au Chiot, prenant mes marques et répétant au ralenti le coup. Après un dernier ricanement de ma part le coup est tombé dans un claquement qui a résonné dans la pièce. Ça a dû faire mal, j’en avais des chaleurs.
D’un autre côté je jalousais un peu sa position, il devait se sentir pris au piège dans un carcan de discipline implacable, sans échappatoire, obligé d’offrir sa main à la brulure d’une ceinture sous la menace d’une punition bien pire s’il bougeait. Je m’épanouis en tant que dominatrice mais je ne peux m’enlever de la tête que j’aimerai être partout à la fois. Lorsque je punis je vis souvent la scène en miroir dans ma tête.
J’ai dit avec suffisance :
— Que ça te serve de leçon, c’est comme ça qu’on traite les délinquants ici.
Il a émis un aboiement timide et plutôt résigné. J’ai ramassé sa laisse, celle qui était reliée via le collier de son cou à ses bourses. J’ai tiré un coup sec pour le faire venir à mes pieds. Je me suis accroupie pour lui masser la nuque.
— Ne t’inquiète pas, il n’y a aucune rancoeur.
J’ai eu un sourire en coin.
— Je te pardonne de m’avoir forcé à te punir.
Une inversion des valeurs à laquelle je tiens tout particulièrement. Cela m’amuse même si les soumis ne le comprennent pas toujours. Dans ma logique je suis l’innocente victime qui doit punir le comportement licencieux des soumis, mon sadisme doit être considéré comme naturel et sain.
— La ceinture ne t’en veut pas non plus. Soit poli, viens l’embrasser pour la remercier.
Faute d’alternative le Chiot s’est avancé pour faire ce que j’avais demandé. C’était hilarant de le voir coopérer sans résister malgré la stupidité du scénario. Même si une partie de moi aurait préféré qu’il soit un peu plus rebelle, je devais trop l’intimider. J’allais devoir le mettre à l’aise sans lui laisser prendre trop de libertés.
— C’est un passage exigé, je dois être sévère pour ton propre bien. Sinon tu deviendras un sale clébard mal éduqué. Tu ne veux pas de ça pas vrai ? Je prends mon rôle à coeur tu dois faire de même.
Après une dernière caresse derrière la tête je me suis relevée et j’ai tiré sur la laisse pour le faire s’approcher du paquet de carte.
— Recommence. Et comme un chien cette fois.
Il s’est approché et du nez, pardon de la truffe, s’est mis à déplacer les cartes.
— Tu peux les étaler par terre si c’est plus simple. L’important est que tu prennes celles qui t’attirent le plus.
Il semblait perplexe, le dos de toutes les cartes se ressemblait, il ne pouvait pas vraiment faire de choix. Il a tout de même fini par en sortir 3.
— Ce sont celles que tu veux ?
Il a haussé les épaules.
— Tu dois êtes certain, c’est important.
Il a hoché rapidement la tête. Je l’ai renvoyé se mettre avec les autres soumis et j’ai ramassé le reste des cartes pour les ranger.
— Au dernier de ces êtres inférieurs, je ne peux décemment pas utiliser le terme « messieurs », tu n’en as pas les attributs.
Chétif a répondu en souriant :
— J’avais compris.
Il s’est approché en restant à genoux et s’est pris une gifle une fois à ma hauteur. Il m’a regardé, j’ai haussé les épaules.
— Quoi ? J’ai à me justifier ?
Il a fait une grimace et a répondu :
— Non, je ne crois pas.
— Surtout que ce soir tu vas t’en prendre une sacrée quantité. Parce que je n’ai pas oublié ton envie de « simplifier » notre mode de communication…
Sans rien dire il a tourné la tête vers les cartes et les a mises en éventail. Après les avoir regardées avec attention il a marmonné :
— Il y en a beaucoup.
— 21 par paquet. 20 supplices et une jouissance joker. 1 chance sur 7 trios. Je suis dans ma période « chiffres symboliques ».
Il a gloussé.
— Nous n’allons pas jouir souvent.
J’ai ricané à mon tour.
— Déjà bien assez.
— C’est votre point de vue.
Je l’ai attrapé par l’arrière de la tête et il s’est pris une nouvelle gifle. J’ai dit froidement :
— 2 points en moins pour cette mauvaise blague. Parce que oui il y a aussi un système de point que je n’ai pas encore eu le temps de détailler. Certains sont trop précoces lorsqu’il s’agit de fauter…
Je lui ai mis une nouvelle gifle avant de lui relâcher la tête avec violence
— Sur chaque carte il y a un nombre de points. Si vous arrivez à 7 vous aurez le droit de jouir en fin de soirée. C’est pour vous motiver. Bien entendu le nombre de points n’est qu’indicatif. Il vous faudra subir correctement le supplice indiqué pour les gagner en totalité.
Chétif a demandé :
— Et on peut tirer des cartes supplémentaires ?
J’ai eu l’air surprise.
— Pourquoi ? Pour te faciliter l’obtention d’une jouissance ? Que tu puisses choisir les supplices que tu vas privilégier ? Pourquoi j’autoriserais un truc aussi débile ? Ne sois pas stupide.
Je l’ai pointé de l’index.
— Et fais attention à tes prochains mots ! Tu as déjà 2 points de malus ne m’oblige pas à éloigner davantage ta récompense.
Il a soupiré et a répondu :
— Parce que je suis tellement pitoyable que je n’arriverai jamais à 7 points sans plusieurs jokers.
J’ai gloussé, son discours semblait tellement faux, je savais qu’il avait eu mal à faire volte-face de la sorte, lui qui a un ego très… masculin. S’en était d’autant plus plaisant.
Je suis allée lui murmurer à l’oreille.
— Si tu veux des jokers on peut s’arranger. Genre 0.1 point de rattrapage par coup de pied à pleine force dans les couilles…
Je me suis éloignée en ricanant avant de me retourner brutalement comme prise d’une illumination.
— Attends ! J’ai mieux. À la fin de la soirée, si tu n’es pas à 7, je compléterai au tarif que je viens de t’annoncer. Tu n’auras pas le choix, tu jouiras ce soir. Je te le promets. Enfin…
Je suis partie en fou rire.
— Si tu en es encore capable après…
Après m’être calmée je lui ai demandé :
— Qu’est-ce que tu en penses ?
Il a fait une grimace :
C’est intéressant. J’ai juste peur de ce qui pourrait m’arriver.
— À d’autres ! Je te connais. Les défis te font bander comme un malade.
Il a souri et a répondu :
— J’essaierai d’avoir un maximum de point alors.
— C’est l’esprit. Je suis douée pour motiver les gens. D’autres amateurs ? Qui veut l’assurance d’avoir une jouissance ce soir ?
Je me suis retournée vers les deux autres soumis, ils ont fait « non » de la tête. Lascivement j’ai dit :
— Petites bites.
Qu’est-ce que nous pouvons être con lorsque nous jouons.
J’ai ajouté les 3 cartes de Chétif aux 6 autres déjà tirées. Avec attention j’ai regardé leur contenu :
— Voilà donc la trame de la soirée. Intéressant.
Je me suis mise à ordonner les cartes, j’allais exercer le pouvoir de contrôle dévolu à la dominante que j’étais, aléatoire ou pas ma responsabilité était de créer une soirée intéressante. Loin de m’enfermer cet exercice de style a stimulé ma créativité.
J’ai hésité longuement sur l’ordre, il fallait que je fabrique quelque chose de cohérent au niveau rythme. À plusieurs reprises j’ai souri en leur lançant un regard amusé. Ils étaient tout 3 à genoux, levant leurs yeux implorants vers moi, ils désiraient tellement que je leur donne des indices sur ce qui allait leur arriver. J’avais leur destin entre les mains matérialisé par des cartes.
— Voilà qui est bien. Maintenant rajoutons un jeu en commun.
J’ai pris une carte à dos doré que j’ai inséré au milieu des autres.
— Je ne tire pas au hasard celle-ci. C’est mon choix et il ne peut être que parfait.
Chouchou s’est précipité pour répondre :
— Assurément maitresse.
J’ai posé le tas de 10 cartes sur le sol, celle du dessus était rouge.

La suite par ici…


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