Discipline domestique 007 – la place des rituels

a.s. : comme je l’ai dit sur Twitter le post sur lequel je travaillais est devenu très long à cause de ma tendance à parler de tout et n’importe quoi … Je l’ai donc coupé en deux, la première partie regroupera tout mon blabla et la seconde « l’action ». Je posterais les deux à la suite, surement la première à midi et la seconde ce soir.

Je crois que je ne vous surprendrais pas en disant que j’aime décembre, j’ai déjà dû le dire l’année dernière. À Noël il y a toujours cette folie dans l’air, ce côté joyeux qui me plait. Je suis de celles se baladant avec un bonnet rouge à pompon et des protèges-oreilles surdimensionnés pendant les emplettes de Noël. Décorer le sapin et tout l’intérieur me rend heureuse, comme si je pouvais laisser s’exprimer un peu de mon extravagance au grand jour.
Bon, il y a aussi la profusion de chocolat qui aide pas mal à me mettre de bonne humeur 😀
Je pense à ça pour une toute autre raison, aujourd’hui je suis rentrée du boulot totalement trempée, je ne sais pas chez vous mais chez moi nous nous tapons averse sur averse c’est déprimant. Le genre de pluie fine et glacée venant de face à cause du vent, une horreur. Et vous savez quoi ? Mon homme m’attendait à la maison pour me souhaiter la bienvenue avec une pile de serviettes chaudes, un thé posé devant le canapé qui était lui-même recouvert de couvertures. C’est si bon de rentrer chez soi et d’immédiatement déconnecter de tout. Vous ne pouvez pas savoir à quel point c’est agréable d’être choyé de la sorte. Tout le monde y trouve son compte, je suis heureuse et il évite de passer une mauvaise soirée à m’entendre me plaindre. Vous me direz qu’il n’y a pas besoin de passer une cage de chasteté à son partenaire pour obtenir ce résultat … ça aide quand même 🙂
Bref, après le ballbusting et l’humiliation de la dernière fois j’avais imposé un embargo à mon homme, tant qu’il n’aurait pas subi le rituel de mise en cage il n’aurait plus rien de moi. J’aurais pu le lui demander gentiment mais je suis dominante, je ne suis pas gentille, je fais des caprices, c’est mon rôle, c’est ce qu’il attend de moi. Parfois entre la domination et le « vanille » il n’y a qu’une intonation de différence.
Il allait donc subir le fameux « rituel », j’utilise ce terme volontairement pour bien insister sur la mise en scène et le formalisme de la pose. Il ne s’agit pas simplement de lui enfermer le sexe en quelques secondes comme on mettrait un pansement avant de passer à autre chose, la pose d’une cage de chasteté est bel et bien une castration symbolique. Elle ne doit pas être expédiée, il faut le faire languir, que le soumis souffre de voir sa sexualité échapper à son contrôle, le pire moment étant encore juste avant, lorsqu’il a encore l’espoir de pouvoir s’enfuir, lorsqu’il a encore l’idée folle de pouvoir se soustraire au jeu. Comprenez bien que c’est lorsque ses couilles sont sous la guillotine qu’un soumis se sent le plus faible. Il n’y aurait pas de sens à bâcler ce moment.
Il est assez instinctif de comprendre que créer des rituels à un côté excitant sans que l’on sache vraiment pourquoi. C’est un thème qui a été étudié en psychologie, la ritualisation nous permet d’avoir l’impression d’avoir un certain contrôle de la situation, d’être en terrain connu et donc de gagner en sérénité. En rationalisant les jeux nous leur donnons du sens. Pars exemple lors des séances disciplinaires à connotation scolaire, la position imposée et devoir compter les coups nous permet de nous relâcher pour nous abandonner à la punition, un soumis est tranquillisé s’il sait ce qu’il a à faire. Le rituel nous permet d’arrêter de réfléchir, nous sommes puni parce que c’est dans les règles. C’est avoir l’impression de faire partie d’un tout.
Pour bien comprendre la logique, notre cerveau est programmé pour nous faire trouver des modèles, des répétitions de figures connues même dans le désordre. C’est pour cela que nous voyons des formes dans les nuages ou dans des taches d’encre. Par instinct nous cherchons du sens et lorsque nous n’en trouvons pas notre cerveau connait un stress important. L’être humain est fondamentalement angoissé par ce qu’il ne comprend pas. Notre cerveau a le réflexe de vouloir trouver un moyen d’avoir une emprise sur la réalité et il est même prêt à nous faire abandonner toute lucidité pour arriver à cette fin. Il préfère nous laisser devenir superstitieux plutôt que d’accepter que certains choses échappent à notre contrôle. Ce sont tous ces petits actes pour nous donner de la chance, nos objets fétiches ou jouer à la loterie un vendredi 13. Il faut bien comprendre que ces actes sont un moyen de défense du cerveau face à une angoisse, en eux-mêmes ils sont stupides et pourtant nous ignorons cet aspect parce qu’ils nous font du bien.
Dans des cas extrêmes ces actes sont qualifiés de troubles obsessionnels compulsifs (T.O.C.). Lorsqu’un malade se sent obligé de se laver les mains 30 fois par jour c’est la manifestation d’une angoisse que le cerveau n’arrive pas à résoudre autrement que part un rituel. La propreté en elle-même n’est qu’une échappatoire et cela n’a le plus souvent rien à voir avec une peur des microbes.
Je lisais récemment un article de Freud intitulé “Actes obsédants et exercices religieux”, selon certains aspects les religions ne seraient qu’une manifestation collective de notre tendance à nier l’inconnu et ne seraient pas éloignées d’un T.O.C., elles créeraient des rituels destinés à nous relaxer face à des angoisses insolubles.
C’est un paradoxe, l’être humain a besoin d’être social et en même temps être en groupe lui fait du mal. Vivre ensemble génère tout un stress que nous avons parfois du mal à gérer. En société nous devons nous défaire de certains aspects primitifs, notamment la sexualité et notre animalité. Nous vivons dans l’angoisse que nos instincts remontent au point que nous idéalisons un être parfait, un être désincarné, face auquel nous ne ressentons que de la culpabilité.
Il est amusant de voir à quel point les religions et le BDSM reposent sur des mécanismes proches. C’est quelque part ironique et cela devrait horrifier certains prêcheurs. C’est bien connu les pratiquants BDSM sont des monstres et il vaut mieux se doucher longuement après les avoir côtoyés (non mais sérieux recruter un bigot pour jouer le rôle d’un dominateur … pourquoi pas un raciste pour jouer dans un film le Dalai-Lama tant que vous y êtes !). Pourtant des études ont montré que les pratiquants du BDSM étaient en moyenne mentalement plus sains que le reste de la population, jouer de manière intense permettrait de se changer les idées ce qui serait bénéfique. Ce n’est d’ailleurs pas qu’une donnée psychologique, des analyses plus poussées ont montré que la répartition du sang dans le cerveau changeait pendant les jeux, sous l’effet du stress les parties reliées au raisonnement se déconnectent pour laisser s’exprimer les parties les plus primitives. Littéralement une séance BDSM oblige le cerveau à se déconnecter. Les effets sur le stress étant comparables à des séances de méditation ou de yoga. C’est fascinant.
Certaines personnes ont du mal à s’endormir car elles pensent trop, c’est un reliquat de l’activité de la journée, chez ces personnes jouer un rôle totalement différent le soir permet au cerveau de faire une cassure nette entre les mondes ce qui est bénéfique. C’est une explication au fait que l’on retrouve beaucoup d’adepte BDSM chez les cadres efficaces.
Bref, en résumé au niveau BDSM les rituels sont surtout importants pour donner du sens et apaiser les soumis en les mettant sur des rails, en étant contenus dans des schémas répétés ils peuvent se permettre de baisser leur garde.
Parfois je lis sur des forums des messages de gens énumérants les « commandements sur soumis » ou autre formulation pour des règles communes. Immanquablement derrière les gens répondent qu’il n’y a pas de règles obligatoires etc… Ils n’ont pas tort et en même temps ils passent à côté d’une thématique importante du BDSM, il faut des règles et des protocoles, surtout pour moi qui suis amatrice de discipline. Il est apaisant pour un soumis de se dire « ce n’est pas moi qui suis anormal, je ne fais que suivre le protocole », avoir une contrainte extérieure le déresponsabilise d’avoir ces envies « ce que je fais est humiliant mais je n’ai pas le choix c’est elle qui m’y oblige, c’est elle qui est folle pas moi ». Mes soumis ont besoin de cet aspect externe pour pouvoir s’amuser, ils ne veulent pas que je leur fasse ce qu’ils me demandent, ils veulent croire que je suis capricieuse. C’est à moi de deviner ce qu’ils veulent pour le leur donner sans que ça ait l’air de venir d’eux. Très alambiqué comme mode de fonctionnement mai c’est la réalité.
Un soumis à besoin d’appartenir à sa maitresse, il a besoin de se le prouver en acceptant ses rituels. C’est une sorte d’échange, la sécurité contre l’obéissance. Je sais qu’il est difficile de comprendre où est la sécurité dans les jeux BDSM mais elle existe, le soumis à l’impression de « payer » l’amour de sa maitresse en souffrant, il pense que tant qu’il supporte ses supplices il rend la relation incassable. Inversement je paye mon tribut au couple en le punissant. Il est tellement plus simple de croire que la cravache nous uni plutôt qu’un sentiment amoureux invisible, de croire que si nous respectons des règles claires tout ira bien. Les soumis, en tout cas ceux que j’aime, recherchent profondément un cadre pour s’épanouir, et un cadre signifie des limites claires.
Je parle de soumis mais je ne suis pas en reste, comme eux je recherche la sérénité dans l’ordre et j’ai besoin d’hommes qui partagent le même point de vue. Je veux qu’ils assimilent un corpus de comportement à avoir en ma présence, cela me donne l’impression de les façonner, je veux m’imaginer en modèle. Ils me permettent de croire que ma folie a du sens. Je suis fière de savoir que certaines personnes sont volontaires pour vivre selon les règles que j’imagine.
Ces raisonnements ne sont pas inutiles, en tant que dominante je dois comprendre les mécanismes sous-jacents pour les exploiter. Tout les soumis ont un schéma préféré, une pratique qui les rend dingues, à moi de les utiliser pour les asservir. Mon homme a une peur de perdre sa virilité donc il veut jouer avec pour l’apprivoiser, il cherche à vivre une castration pour apaiser son angoisse sans avoir l’impression que l’idée vient de lui. Il voulait la cage de chasteté ? Ok mais il devait payer le prix avant. C’était la séance de ballbusting et d’humiliation. Aussi cruel que cela puisse paraitre cela rassure les soumis de savoir qu’il existe un échange.
D’ailleurs pour revenir sur le sujet polémique des « terribles séances tarifées », sans nier le problème des opportunistes voulant profiter du filon c’est pourtant un aspect important de la soumission masculine. Payer, outre le côté humiliant, c’est donner quelque chose à l’autre, c’est passer un contrat, s’engager. L’argent c’est le pouvoir, c’est bien pour ça que les hommes en veulent et que les femmes sont moins payées à travail égal dans une société patriarcale. Un homme soumis qui donne de l’argent à une femme montre qu’il veut inverser les rôles. Le symbole est puissant. D’ailleurs il faudra que je fasse un post sur la gestion financière du couple. Pour résumer il a un salaire et moi aussi mais cela ne m’empêche pas de monopoliser le pouvoir financier. Je lui ai interdit toute manipulation d’argent sans permission, il a un peu d’argent de poche pour ses dépenses personnelles mais c’est selon mon bon vouloir et j’ai tendance à être très capricieuse sur le sujet. Ne croyez pas que la situation lui déplait bien au contraire, il adore cette sensation de dépendance. Cela fait des mois qu’il n’a plus eu le droit de regarder les relevés de compte ou de consulter son solde par internet, j’ai tout confisqué, il est dans le noir le plus complet et cela à un effet fou sur son excitation. À chaque fois que nous sommes en public et que je sors la carte bleue, que ce soit pour payer les courses ou le restaurant, il a l’impression de se prendre un coup entre les jambes. Il adore ça. Il n’irait pas jusqu’à dire que je suis plus sexy qu’avec une cravache à la main mais c’est dans la même veine.
Pour vous rassurez je peux vous confirmer que je suis une gestionnaire prudente et avisée, si nous nous séparions demain il retrouverait l’intégralité de son salaire, moins sa part des dépenses courantes, dormant sur son compte épargne. Encore une fois il faut faire la part des choses entre mise en scène et réalité, il veut croire que je ne suis qu’une peste capricieuse et vénale, qu’il est minable au point que j’ai le droit (et le devoir) d’abuser de lui. Je pense qu’il serait déçu de savoir que je ne fais pas des folies avec son salaire. Il adore m’entendre dire que c’est grâce à mon travail que nous ne prenons pas l’eau, qu’il est comme un animal domestique et qu’il coute plus cher qu’il ne rapporte. C’est son fantasme j’aurais du mal à l’expliquer.
Surtout que cela donne lieu à des jeux amusants, il faut le voir quand il essaye d’obtenir quelque chose, par exemple en ce moment il aimerait que je change son ordinateur, il le trouve trop lent (ce qui m’a fait lui dire « autrement dit il commence à te ressembler, il devient long à la détente … » j’étais plutôt fière de ma réplique), j’aime ces moments d’humiliation où il ne peut rien répondre de peur de perdre toute chance d’obtenir ce qu’il veut. Pour l’instant je n’ai pas cédé, je négocie encore les termes. Ce n’est que temporaire, après Noël il aura droit à son nouveau jouet, l’actuel à plus de 5 ans d’âge ça commence à faire vieux. Je cherche à tirer profit de la situation pas à m’entêter contre toute logique. Encore une fois il serait déçu que je cède trop vite.

Une réflexion sur « Discipline domestique 007 – la place des rituels »

  1. Bonjour Emilie.
    Si le soumis a besoin d’affronter sa castration, c’est peut être qu’il sait que dans vrais la vie, les soumis sont soit castrés soit tués pour être dévorés ?
    C’est un rapport de force violent qui existe depuis que les êtres vivants existent .
    Si le soumis affronte l’adversité, il n’est plus soumis et risque donc sa peau en permanence pour s’affirmer et triompher ? Il risque de perdre ou de gagner ? C’est la prise de risque des délinquants et criminels ?
    J’étais exhibitionniste un récidiviste qui se masturbait furtivement tout nu dans les bois devant les jeunes femmes .
    J’adorais les sensations que cela me procurait ,mais passé l’excitation, la culpabilité m’envahissait .
    Cette situation récurrente m’a culpabilisée dés l’adolescence,faisant naître le désir et la nécessité de me faire enlever les testicules .A cette époque cela se faisait encore couramment sur les déviants sexuels récidivistes .
    Ce n’est pas tant l’exhibitionnisme qui me culpabilisait, mais les risques juridiques .Le système judiciaire est un lobby qui ne lâche pas ses proies ,mais,je n’ai jamais été condamné .
    J’aurai pu devenir assassin et tuer mes ennemis et opposants ?
    Je me suis donc soumis a la désapprobation des femmes et a l’interdiction légale en me faisant enlever les testicules pour ne plus souffrir les tentations continuelles que me produisaient les pulsions sexuelles liées aux hormonnes mâles !
    Mon comportement impudique disparu sans que cela produise un manque quelconque .
    Très vit j’étais devenu impuissant ,les désirs impudiques disparurent ,m’inquiétant un peut au début .
    La castration ne fait pas disparaître les fantasmes .Ils sont tout simplement endormis .Des stimuli peuvent les réveiller avec toute la vigueur de jadis .
    En revanche ma carrière professionnelle s’est effondrée produisant une forte dépression qui dura longtemps .
    Bien sûr s’il n’y avait pas eu ce tabou sur la castration ,je me serais fait castrer dés mes 18/20 ans ,ce qui n’aurait pas produit autant de perturbations ,mais a cette époque ,je n’était pas assez fort pour prendre une telle décision .
    J’adore vos textes écrits d’une main experte .

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